J’aimerais libérer la parole aux femmes et lever le voile sur un post-partum loin de l’image que nous renvoie la société, un sujet à la limite du tabou. Si la naissance d’un premier enfant est une source de grande joie pour les parents, il n’en demeure pas moins que la période post accouchement n’est pas facile pour les jeunes mamans. L’arrivée d’un enfant est un véritable bouleversement. Je ne souhaite pas effrayer les futures mamans, simplement évoquer une réalité. Le fait est que l’on se préoccupe beaucoup de la maman durant la grossesse, chouchoutée et surveillée de près par le corps médical.
Cependant, une fois le bébé né, l’attention se focalise sur lui : son sommeil, son alimentation, ses selles, ses coliques et autres joyeusetés. La maman se retrouve quelque peu délaissée par le corps médical et doit faire face à ce nouveau rôle qu’elle découvre avec la sensation d’être vidée de toute énergie et totalement dépassée par les évènements. Elle pense qu’elle a enfin accouché et que tout est terminé, il n’en est rien.
Bienvenue dans le 4ème trimestre de la grossesse : le post partum
J’aimerais commencer par souligner que j’ai été extrêmement bien préparée lors mes cours de préparation à l’accouchement et la parentalité, c’est sans doute pour cela que j’ai « bien » vécu le post partum mais je pense tout de même avoir sous estimé les suites de couches, c’est pourquoi j’aimerais partager mon expérience et échanger sur la votre.
Les suites de couches à l’hôpital
La fatigue extrême
J’ai accouché peu avant 7h du matin. À 10h j’étais dans ma chambre à l’étage « suites de couches » où j’ai séjourné 3 jours. J’étais épuisée par la douleur des contractions et je n’avais pas dormi depuis 24h, ce qui a entraîné de surcroît une carence de sommeil, c’était pour moi le début de ma nuit tandis que pour le personnel hospitalier, c’était le début de la journée. Alors, sage-femmes, auxiliaires de puériculture, infirmières puéricultrices, aide-soignantes, pédiatres, personnel de cantine, agents d’entretien… ont défilé tour à tour dans ma chambre, jour et nuit. Je ne les blâme pas, ils faisaient leur boulot : service du petit dej, prise de tension, prise de température du bébé, mise au sein, vérification des saignements (en appuyant fort sur le ventre !), vérification des selles de bébé, le premier bain de bébé, les soins de bébé, service du déjeuner, nettoyage de la chambre, visite du pédiatre, prise de sang du bébé, réunion d’information… Il y avait beaucoup de mouvements autour de moi, je n’avais aucun répit au moment où j’avais le plus besoin de calme et de repos afin de me remettre de mes émotions.
Ajoutez à cela, la masse d’informations qu’on nous donne toutes plus importantes les unes que les autres, j’entendais mais je ne retenais rien, je me sentais incapable de mémoriser quelque chose, j’avais l’impression que mon cerveau ne fonctionnait plus. Puis les coliques ont commencé la première nuit à l’hôpital, je ne souhaitais pas laisser mon bébé à la nursery alors je l’ai porté toute la nuit, je ne tenais plus debout, j’étais anémiée, mon corps tout entier n’était que douleur, l’impression d’être passée sous les roues d’un camion. Heureusement, mon mari est arrivé très tôt le lendemain et a dormi dans ma chambre les nuits suivantes pour prendre le relais.
Mes conseils : Demandez une chambre unique si possible. Prévoyez de faire dormir votre conjoint avec vous pour qu’il puisse prendre la relève la nuit. Evitez les visites de la famille/amis, demandez à ce qu’on vienne vous voir lors de votre retour à la maison. Cela vous permettra de vous reposer davantage.
La première douche
Après l’accouchement, on nous déplace en fauteuil roulant jusqu’à notre lit de chambre afin de se reposer puis lorsqu’on est prête un soignant nous accompagne la première fois pour aller aux toilettes au cas de malaise. J’avais très envie de prendre une douche après l’accouchement car j’avais besoin de me rafraîchir suite à cette nuit blanche, comme pour retirer cet état second dans lequel j’étais, comme après une séance de sport. Egalement, j’ai fait du peau à peau, il restait des résidus de vernix et de méconium sur mon ventre. Une aide soignante m’a gentiment aidé à me lever pour m’accompagner aux toilettes. J’avais l’impression que tout était ouvert et que mes organes allaient se retrouver au sol. Vient la crainte d’uriner, comme si le fait de pousser allait tout déchirer.
Cette crainte est souvent liée aux douleurs de l’œdème au niveau du périnée, aux déchirures ou aux épisiotomies.
La première douche montre l’étendue des dégâts, un ventre encore gonflé mais flasque et vide, la peau relâchée, la poitrine qui commence à gonfler, les cernes marquées, le teint terne dû au manque de sommeil et de fer, et les douleurs dorsales et ligamentaires qui ne font qu’accentuer cet état de mal-être. Pour celles qui ont eu une césarienne, la première douche a dû être un moment encore plus difficile. Cette première douche m’a fait beaucoup de bien, j’en prenais plusieurs par jour car avec la chute d’hormones, j’avais très très chaud, l’impression d’être fiévreuse, c’était très désagréable de se sentir mouillée toute la journée.
Mes conseils : Utilisez un jet d’eau en même temps que vous urinez, ça facilite et permet de se détendre. Prenez autant de douche que vous le souhaitez si vous n’avez pas de contre-indication médicale, cela vous permettra de mieux supporter l’augmentation de la température corporelle, les lochies, la fatigue.
Les Lochies
Les lochies correspondent à des saignements provenant de la plaie placentaire qui surviennent au début du post-partum et peuvent durer jusqu’à 6 à 8 semaines. Les miennes ont duré 6 semaines, c’est très long et inconfortable surtout lors des premiers jours où les saignements sont très abondants et peuvent présenter des caillots de sang. Heureusement, la quantité des lochies diminue progressivement.
Mes conseils : À la maternité on vous donnera de grandes serviettes hygiéniques type planches de surf ! Une fois à la maison, utilisez des culottes menstruelles modèle NUIT, vraiment, ça facilite le quotidien, pas de fuite, pas de sensation d’humidité. C’est important de se sentir fraîche étant donné que les lochies durent plusieurs semaines.
Montée de lait
La montée de lait survient en général le 3ème jour après la naissance selon le type d’accouchement, c’est plus long lors d’un accouchement par césarienne. Ce processus est déclenché par la chute des hormones placentaires après l’accouchement. Personnellement, le volume de ma poitrine a augmenté considérablement le 2ème jour, puis le 3ème jour elle était gonflée à bloc et douloureuse, j’étais constamment trempée et je ne pouvais pas m’allonger sur le ventre.
Mes conseils : Exprimer son lait manuellement permet de désengorger la poitrine et de soulager la douleur. N’hésitez pas à le faire sous la douche en passant un jet d’eau chaude avant. Pas de tire-lait qui à tendance à stimuler davantage la lactation. Les tétées régulières permettent de commencer à réguler la production de lait. Je détaillerai mon expérience de l’allaitement dans un article dédié.
Les tranchées
Même après l’accouchement, il est possible d’avoir à nouveau des contractions ! Les tranchées sont des contractions utérines qui peuvent être aussi intenses que celles de l’accouchement. Elles permettent l’involution utérine : l’utérus diminue de volume et se repositionne dans la cavité pelvienne. J’ai eu des contractions importantes durant les 48 heures qui ont suivi l’accouchement, elles n’étaient pas constantes et se manifestaient surtout au moment des tétées sous l’effet de l’ocytocine, une hormone naturelle qui déclenche les contractions.
Mon conseil : Serrer les dents et attendre que ça passe !
Les troubles urinaires
La grossesse puis l’accouchement par voie basse malmènent le périnée. Résultat, il peine à soutenir le sphincter de l’urètre dans son rôle de continence. À la maternité, lorsque je me levais le matin, je pouvais être sure d’uriner dans mon pyjama avant même d’arriver aux toilettes. Les fuites urinaires légères après accouchement sont courantes et persistantes lorsqu’on éternue ou rigole ! Pas de panique, pour que les tissus récupèrent leur tonus, un temps de repos est nécessaire ainsi que la rééducation du périnée à entreprendre six à huit semaines après l’accouchement.
Mes conseils : Porter des protèges-slip ou des culottes menstruelles le temps de terminer les séances de rééducation périnéale. Essayer de contacter son périnée lorsqu’on éternue, rigole ou porte quelque chose.
Le retour à la maison
Fatigue physique et psychologique
De retour à la maison, j’étais anémiée, je n’ai jamais ressenti une fatigue aussi intense. Avec mon mari, nous avons enchaîné les nuits blanches avec les coliques, je redoutais lorsque le soir arrivait. Heureusement ma Kikinette dormait beaucoup la journée et mon mari ainsi que nos familles ont été d’un grand soutien, je pouvais récupérer mais physiquement c’était très difficile. Aujourd’hui, 6 mois après, je me sens encore fatiguée par moment et quelques douleurs dorsales persistent mais je vais bien mieux.
Sentiment de solitude
Une fois passées les visites des proches et la reprise du travail du conjoint, un sentiment de solitude peut s’installer au retour à la maison. En effet, gérer la maison et un bébé toute la journée est quelque chose de nouveau, ainsi, les journées peuvent être longues, ponctuées par des pleurs incompréhensibles et des moments de grande lassitude. On peut parfois se sentir démunie face à son bébé. La solitude est amplifiée si vous êtes géographiquement loin de votre famille. Les premières semaines, les jeunes mamans sont fatiguées et n’ont pas forcement confiance en leurs capacités à bien s’occuper de ce bébé totalement dépendant d’elles d’où l’importance, pour l’entourage, de continuer à prendre soin de la mère et de l’enfant, de les entourer durant ces semaines éprouvantes physiquement et moralement. C’est ce soutien qui m’a aidée et sans doute empêchée d’être submergée par un babyblues ou une dépression post partum.
Se réapproprier son nouveau corps
L’accouchement est un tsunami pour le corps, il faut du temps et du repos pour récupérer. J’en avais déjà parlé en détail dans un article dédié. J’ai pris le temps d’accepter ce nouveau corps. Je n’ai pas terminé les séances de rééducation (j’ai été retardée par le confinement) et avec le sport j’espère retrouver une jolie silhouette.
Douleurs corporelles
Les douleurs ressenties durant la grossesse ont persisté durant le post partum notamment au niveau du dos et des ligaments. Il est difficile de porter quelque chose de lourd, on a l’impression que les abdos ne soutienne plus rien, que le dos est en miette. Il est d’ailleurs déconseillé de porter du lourd, surtout après une césarienne. Le fait de porter bébé est déjà conséquent. Les maux de tête sont revenus en flèche, je compte reprendre les séances d’acuponcture pour me soulager. J’ai eu la joie également d’avoir un torticolis lié à l’allaitement et au portage. Les séances d’osthéopathie sont nécessaires pour remettre les os en place après un accouchement par voie basse notamment, et m’ont fait un grand bien. Une cure de magnésium marin permet de soulager les douleurs ligamentaires. La marche et les étirements permettent de reprendre la forme et de perdre sa démarche de grossesse #canard. Puis après la rééducation du périnée et des abdos, la reprise du sport permet de réveiller son corps.
Perte de cheveux
À partir de 3 mois et demi post accouchement, j’ai commencé à perdre énormément de cheveux, jusqu’à 5 mois, j’en retrouvais partout à la maison. Heureusement, j’ai une sacrée tignasse alors ça ne se remarque pas mais c’est tout de même impressionnant à chaque coiffage de retrouver une poignet de cheveux sur la brosse. Depuis, mes cheveux commencent à repousser et je me retrouve avec une multitude de baby’s haïr. Je conseille de faire des soins et des bains d’huile pour renforcer ses cheveux et les aider à repousser plus rapidement.
Allaitement
L’allaitement est une super expérience s’il est bien préparé et que la maman est bien entourée et suivie surtout lors des débuts. Je n’ai pas eu de soucis jusqu’ici, mais je sais que ce n’est pas facile pour toutes les femmes, qu’il peut y avoir beaucoup de désagréments (engorgement, crevasse, frein de langue, mastite, tétons ombiliqués…). Faites vous suivre par une sage-femme pro allaitement dès la grossesse ou une conseillère en lactation qui vous encouragera dans votre souhait d’allaiter. C’est dommage de perdre son allaitement à cause de la pression sociale (manque de confiance, réflexions, dénigrement, découragement) ou d’une désinformation (mauvaise position, irrégularité, malnutrition…).
Bien vivre le post-partum
Je m’informe pour appréhender au mieux les suites de couches
Les cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité ont pour but de vous informer et de vous donner les clés pour mieux gérer vos débuts de ce nouveau statut de parent. Plus vous connaissez votre sujet, mieux vous arriverez à faire face aux situations auxquelles vous serez confrntés. Selon moi, pour un premier bébé, les cours sont indispensables, j’y ai énormement appris et surtout, ils m’ont permis d’avoir confiance en moi et en mes capacités. La sage-femme vous donnera les astuces pour améliorer votre quotidien avec bébé, elle dédramatisera des situations, elle vous apportera du soutien lorsque vous sentirez une pression de la société ou de l’entourage à propos de l’allaitement ou du portage par exemple. Elle a répondu à toutes les questions qu’on se posait et nous donnait l’impression d’être un couple de parents plus solide à chaque fois que l’on sortait de son cours. Je prenais beaucoup de notes dans un carnet, je le consulte encore lorsque j’ai un doute.
Je m’occupe de moi
Après votre accouchement, votre seul rôle est de vous occuper de votre bébé. Or, si vous voulez prendre soin de votre enfant, il faut prendre soin de vous en premier. C’est vous, votre couple et votre baby, le reste attendra.
Une bonne douche : Les premières semaines, soit vous avez de la chance car bébé dort beaucoup la journée, soit il s’apparente à une sangsue. Si vous êtes dans le second cas, essayez de trouver 5 minutes pour prendre une douche et mettre un pyjama propre même si les 5 minutes vous ne les avez qu’à 15h. La chute d’hormones fait que l’on transpire beaucoup, une bonne douche ne peut vous faire que du bien. On place bébé dans son transat dans la salle de bain avec nous si toutefois il a besoin de nous regarder pour être rassuré. Personnellement, me laver et me coiffer me permet de me sentir mieux lorsque je suis à la maison. Je passe ma journée à faire des bisous à ma puce, ainsi, j’évite de me maquiller pour ne pas la polluer de makeup mais je prends soin de ma peau avec une crème hydratante, je fais des masques et j’exfolie lorsque j’ai le temps.
Dormir lorsque le bébé dort : Au début, ne cherchez pas à vous avancer sur le repas du soir ou faire du ménage lorsque bébé fait ses siestes. DORMEZ ! Récupérer vos nuits autrement vous n’allez pas tenir.
Se faire masser : Porter bébé, le bercer, l’allaiter avec une mauvaise posture aggravent les douleurs. Demandez à votre conjoint, votre mère, votre soeur de vous masser le dos, la nuque et autres parties du corps qui vous font souffrir. N’hésitez pas à consulter un osthéo ou un kiné.
Prendre l’air : On a parfois l’impression d’être tellement fatiguée qu’il est préférable de rester au lit. Erreur ! Sortez prendre l’air, allez faire une promenade dans un parc, en foret avec votre famille. Respirez, ça vous fera le plus grand bien, physique et moral.
Câliner bébé : Faites vous masser oui mais massez aussi votre bébé. En effet, masser, câliner, embrasser, allaiter votre bébé libère une hormone appelée endorphine. C’est une hormone de bien-être. Plus vous partager des moments harmonieux avec votre bébé plus vous libérez cette hormone qui fait du bien au moral. Ne vous en privez pas, ça permet également de développer la complicité avec bébé et de lui faire découvrir et appréhender son propre corps.
Je lâche prise
Déléguer : Vous venez d’avoir un bébé, vous n’êtes pas un robot, vous ne pouvez pas vous occuper de tout. Demandez à votre entourage de venir vous aider, de faire le ménage, d’amener à manger, de s’occuper de votre bébé le temps de faire une sieste. Délaissez cette charge mentale toxique, ce besoin de tout contrôler et de penser que votre organisation doit rester la même malgré la présence de votre nourrisson. Stay focus sur l’essentiel, votre santé physique et mentale et le bien-être de votre bébé.
Communiquer : Ne gardez pas tout à l’intérieur de vous, communiquez, parlez de vos émotion à votre conjoint, votre entourage de confiance. Le fait de partager ce que l’on ressent prévient les épisodes de déprime, évite de sombrer dans un bad mood lié aux hormones ou autre. Je n’ai pas ressenti de babyblues ni de dépression post-partum. J’étais très entourée par ma famille et je partageais tout de suite lorsque j’étais fatiguée, dépassée, stressée ou douloureuse. Je recevais constamment en retour des paroles réconfortantes, motivantes et valorisantes qui me reboostaient, des gestes et des regards qui me rassuraient. Mon mari a été très patient et bienveillant, il suivait avec moi les cours de préparation à l’accouchement et à la parentalité, la sage-femme le mettait souvent en garde contre les premiers signes de dépression post-partum afin qu’il soit vigilant. Il était d’un grand soutien.
Garder un temps pour soi : Essayez de vous trouver un moment dans la journée ou dans la semaine pour faire quelque chose uniquement pour vous, quelque chose qui vous détend, qui vous fait du bien. Cela peut être regarder un film ou un épisode de série, faire des soins, faire une séance de sport, aller chez le coiffeur, aller manger une glace… Ne vous oubliez pas.
Une grossesse et un accouchement mettent le corps à mal. Les meilleurs remèdes sont le temps, le repos et l’amour. Acceptez cet état de fatigue et laissez-vous du temps pour récupérer, pour vous remettre émotionnellement et physiquement. L’amour maternel permet de surmonter ce qui semble insurmontable et déloge des forces enfouies en nous. Profitez de vos instants en famille. Avoir un enfant est un bonheur qui dépasse tout ce qu’on espérait. Plus on aime, plus on reçoit et plus on a envie d’aimer. C’est un bonheur contagieux et qui se multiplie.
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